Au nombre des activités inscrits au programme de la conversation avec le réseau des journalistes économiques pour l’Afrique de l’Ouest figure la présentation de la situation socio-économique de l’Afrique de l’Ouest. Une initiative qui permet d’entrevoir 2030 en filigrane…
Déclinés en 17 objectifs et 169 cibles, beaucoup de pays de l’Afrique de l’Ouest risquent de ne pas être au rendez-vous de 2030, défini par les objectifs de développement durable. A huit ans de la date butoir, les pays peinent à atteindre lesdits objectifs. Les prévisions de la Commission économique pour l’Afrique annoncent que 40% des pays de la CEDEAO, soit 6 sur 15 pourraient atteindre 35% des ODD en 2030. Parce-que les mesures mises en place tardent à donner des résultats dans certains pays. Par exemple, a avancé Amadou Diouf, chef de la section initiatives sous régionales BRs-AO-Cea lors de la « Conversation avec les membres du réseau des journalistes économiques pour l’Afrique de l’Ouest » en cours depuis ce mardi 15 février 2022 à Lomé, le taux de fécondité en Afrique de l’Ouest reste élevé avec 6,65 enfants par femme en moyenne dans les pays comme le Niger. Le plus faible taux de fécondité est enregistré au Cap-vert avec 2,19 enfants par femme. Le Bénin quant à lui est autour de 4,64 enfants par femme. Le taux de mortalité des moins de cinq ans est estimé à 82,9 décès pour 1000 naissances vivantes en 2020, soit plus du double de la performance mondiale estimée à 36,8. Les données disponibles indiquent que plus de 500 mères meurent pour 100 000 naissances vivantes en Afrique de l’Ouest, ce qui est loin de l’objectif de 70 des Odd. En ce qui concerne la situation de l’éducation, il montre que les pays ont fait des progrès substantiels dans la scolarisation à l’école primaire. Cependant, le taux net de scolarisation dans le secondaire est faible dans les pays d’Afrique de l’Ouest. Au total, le Ghana vient en tête avec 7,1% suivi du Nigéria avec 6,2%. Le Bénin reste très moyen avec 3,6%. Les taux les plus bas sont enregistrés au Burkina-Faso avec 1,5% et le Niger avec 2%.
Dans une communication qu’il a présenté sur le thème « situation socio-économique de l’Afrique de l’Ouest et perspectives à moyen et à long terme », il a donné un visage à l’emploi en Afrique de l’Ouest. Selon lui, le taux de chômage est généralement très bas avec 1,5 % au Bénin, 1,6% au le Mali. Les taux les plus élevés sont enregistrés par le Cap-vert avec 11,3 et 10,2 pour la Gambie. Seulement, l’informel, les bas salaires, et à l’inflation sur les marchés sont des facteurs qui plombent ces taux et maintiennent les populations dans la pauvreté.
Une structure économique peu rassurante
Dans le secteur économique, la diversification économique et la transformation des matières premières restent faibles avec moins de 20% de manufactures dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, a renseigné le communicateur. L’agriculture, étant le secteur le plus important est encore loin des réalités d’une agriculture de développement. Le secteur des services devient très exploité. Par ailleurs, le déficit budgétaire s’est détérioré en Afrique de l’Ouest à 6,8% en 2020 contre 4,4% en 2019. Le déficit s’est creusé dans tous les pays sauf le Libéria en raison de la limitation des ressources collectées et de l’augmentation des dépenses de santé et des réponses économiques aux impacts de la pandémie de COVID-19 en 2020. Le niveau de la dette publique reste relativement élevé dans la région, réduisant considérablement les marges de manœuvre des investissements socio-économiques. Le risque de surendettement extérieur est élevé dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest ayant un ratio dette/PIB élevé comme le Cap Vert avec 137,6 %, le Ghana 81,5 %, la Guinée-Bissau 78,1 %, la Gambie 73,9 % et la Sierra Leone 70,4 % a indiqué par Amadou Diouf.
Les efforts d’améliorations selon le communicateur sont plombés aux vues des instabilités politiques observées au niveau de la région. Ces instabilités ont déjà donné naissance à cinq coups d’Etat ces dernières années notamment au Mali, en Guinée Bissau, au Burkina-Faso, Niger etc. A cela s’ajoute les périodes électorales très sensibles, les effets de la Covid etc. Ces indicateurs selon chef de la section initiatives sous régionales BRs-AO-Cea ne sont pas de nature à favoriser la mise en œuvre des idées novatrices, ce qui fait que beaucoup de pays de l’Afrique de l’Ouest risquent de ne pas être au rendez-vous de 2030.