Depuis le 05 avril dernier à minuit, les autorités béninoises font face à une série de contestations populaires que les auteurs justifient par le fait que le terme constitutionnel du mandat pour lequel le président Patrice Talon a été investi le 06 avril 2016 est échu.
L’appel lancé le 05 avril dans la journée sur les plateformes internet par plusieurs personnalités de l’opposition dite radicale au régime du président Talon a, semble-t-il, été entendu. Les populations de Cotonou, Abomey-Calavi, Porto-Novo dans le sud et celles de Bantè, Savè Tchaorou et Parakou dans le centre et le nord sont descendues dans les rues pour soutenir que le mandat du chef de l’Etat est arrivé à son terme.
Mais en lieu et place des manifestations pacifiques annoncées, c’est un déchainement de violence qui a été constaté par endroit entraînant la destruction d’édifices et de biens privés. Ainsi, on compte la destruction d’une radio privée à Parakou, le saccage du domicile de l’ancien maire de Parakou et d’un député à Savè.
Si, dans la journée du 07 avril, la situation dans les villes du sud semble s’être apaisée, dans le nord, les informations font état de l’établissement de barrages sur les principaux axes routiers.
La Constitution, pomme de discorde
Le débat autour de la question, né de la révision de la constitution du 11 décembre 1990 et par l’instauration d’une nouvelle constitution, avait déjà fait couler beaucoup de salives. Les uns soutenant qu’au regard du serment prêté par le chef de l’Etat à son investiture, la date du 05 avril marque le terme de son mandat et les autres se fondant sur les dispositions de la nouvelle constitution justifient la prolongation de 45 jours. La décision de la Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples ordonnant le retour à l’ancienne constitution n’a jusque-là pas fait bouger les lignes. Les constitutionnalistes des deux camps ayant toujours eu des arguments pour soutenir leur position.
Les positions des deux camps se sont radicalisées à la faveur de l’échec des ténors de l’opposition à obtenir les parrainages désormais obligatoires pour être candidat à la présidentielle prévue pour le 11 avril prochain.
L’arrestation de Reckya Madougou, proposée à la candidature par le Parti Les Démocrates pour défaut de parrainage va encore radicaliser les positions.
Déstabilisation?
Le gouvernement, depuis lors, ne cesse de soutenir que loin de tout argument constitutionnel, le débat autour du terme du mandat du président de la république n’est qu’un prétexte pour la mise en œuvre d’un agenda obscur dont la principale visée est la déstabilisation du Bénin. Les sources gouvernementales soupçonnent en effet que de la logistique aurait été mise en place pour atteindre cet objectif. Il y a quelques semaines, des sources policières avaient indiqué dans ce sens l’arrestation d’un voyageur suspect qui transportait plusieurs centaines de millions de CFA en provenance d’un pays voisin. Il a avait été arrêté sur un axe totalement décalé des axes de transit naturel entre ce pays et le Bénin. Il s’agirait donc d’une tentative de déstabilisation conduite par voie de manipulation des populations.
Et, le fait que les principaux ténors de ce discours sont à l’étranger, en exil selon eux, et pour se soustraire à leurs condamnations par les tribunaux, selon le gouvernement, renforce les soupçons du gouvernement.
La campagne continue
Il faut dire que les contestations n’ont pas freiné les ardeurs des partisans des trois duos en compétition pour le scrutin du 11 avril prochain. Ils poursuivent meeting, caravane et toutes les activités autorisées dans la campagne pour faire gagner, chacun, son duo.
En plus, dans certains camps, le discours rappelle aux populations que ceux qui les invitent à casser et brûler leur pays ne sont pas présents à l’intérieur et pourraient ne jamais y revenir. Et que par ailleurs, les populations sont les plus gros payeurs des tributs qu’entraînent toutes les tensions.