Composé de deux parties et de six sections, le rapport du symposium culturel de Yaoui est une riche contribution scientifique à la connaissance de l’histoire du peuple shabè. Il comporte une vingtaine d’articles produits aussi bien par des chercheurs, enseignants-chercheurs des Universités nationales du Bénin et du Nigeria, des instituts de recherches, et des traditionalistes. C’est le fruit de la première édition du symposium culturel de Yaoui. Cette initiative inédite vise non seulement la promotion du patrimoine touristique, mais également une large connaissance de l’histoire du peuple shabè.
Une initiative est née pour mettre en valeur le site Etoo, un riche patrimoine historique et culturel de la région shabè. « Un site de défense composé de murailles construites en terre battue et en pierres alignées et juxtaposées, des fossés en état de comblement, garnies d’une plante défensive à grosses épines très crochues, un lieu de refuge par excellence. C’est à peu-près ce que l’on retient de la description du site Etoo de Yaoui. Cet important site historique mérite d’être connu des Shabè, eux-mêmes, de toute la communauté nationale et internationale. C’est le mobile de l’organisation du symposium culturel de Yaoui, tenu en décembre 2018. L’initiative vise « une meilleure connaissance du site afin de mieux comprendre l’histoire du peuple shabè, et de définir les stratégies de valorisation touristique de ce patrimoine particulier au centre Bénin », a indiqué Isaac Adjé, président du comité d’organisation à l’ouverture des festivités. Placé sous le thème « peuplement du pays shabè et occupation du site historique Etoo de Yaoui », ce symposium a réuni plus d’une centaine de personnes composées de chercheurs et enseignants-chercheurs des instituts de recherches et universités nationales du Bénin et de l’Université Obafèmi Awolowo d’Ilé-Ifè au Nigeria, pour explorer l’importance du site Etoo dans l’expansion de la culture shabè au cours de la période précoloniale. Cette occasion de rencontre, d’échange et de partage est marquée par plusieurs activités qui ont permis de rehausser l’inédite manifestation. Le colloque scientifique tenu à cette occasion a permis aux différents chercheurs, traditionalistes et enseignants-chercheurs d’apporter leur précieuse contribution à une meilleure connaissance de l’histoire du peuple shabè. Il s’agit notamment des productions sur les modes de fortification chez les Shabè, les conditions de création de certains villages, l’importance du site Etoo dans l’histoire des Shabè ont été revisités. Les relations entre les Shabè et les peuples circonvoisins, les origines yoruba du peuple shabè sans oublier leur mode de gouvernance, la part des femmes dans l’organisation sociale du royaume de Shabè, les us et coutumes de l’aire culturelle Yoruba du moyen Bénin font également partir des thématiques abordées.
Parlant de la géographie du milieu, «la flore, la faune et le relief ont été d’une grande importance pour les Shabè pendant les périodes de tribulations marquées par des guerres et attaques meurtrières », précisent les chercheurs dans leurs articles. Les zones de refuges, les villages abandonnés ou disparus, ou encore annexés à la colonie anglaise du Nigeria ont été évoqués dans certains articles.
A vrai dire, plusieurs éditions du symposium culturel de Yaoui pourraient déboucher sur une historiographie générale du Pays Shabè. Puisque les recommandations faites par les différentes commissions, notamment celle de la relecture, ouvrent de nouvelles perspectives intéressantes pour la connaissance de l’histoire du peuple shabè.