(Le Directeur général l’ANPC sur cadre d’action de Sendaï)
L’Agence Nationale de Protection Civile (ANPC) a organisé avec l’appui du Système des Nations Unies (SNU), du 06 au 10 aout à l’hôtel Bel Azur de Grand Popo, un atelier sur l’élaboration de l’avant-projet de stratégie nationale de mise en œuvre du cadre d’action de Sendaï et l’actualisation du Plan de Contingence National (PCN). A l’issue des travaux, le Directeur Général de l’ANPC, le Commissaire Divisionnaire de Police Aristide DAGOU, fait le point des travaux principalement au sujet du cadre d’action de Sendaï.Monsieur le Directeur Général, l’agence que vous dirigez a réuni pendant quelques jours à Prand-Popo les membres de la plate forme de réduction de risque de catastrophe pour l’élaboration de l’avant-projet de stratégie nationale de mise en œuvre du cadre d’action de Sendaï. D’abord quand on parle de cadre d’action de Sandaï qu’est-ce que c’est ?
Le cadre d’action de Sendaï, ce n’est rien d’autre qu’un document qui retrace pour l’ensemble des pays du monde, tous les pays membres de l’Organisation des Nations Unies, ce qu’il faut faire aux plans mondial, régional, national et local pour réduire les risques de catastrophe dans les différents pays. En 2015, l’ensemble de ces pays se sont retrouvés sous les auspices des Nations Unies pour définir de commun accord les grands axes des actions à mener pour combattre les catastrophes car on s‘est rendu compte de ce que les catastrophes constituent un frein au développement et pour aller vers le développement durable souhaité, il faut forcement réduire les risques de ces catastrophes à défaut de les annihiler. Voilà l’objectif du cadre d’action de Sendaï. Cela fait suite au cadre d’action de Yogo qui avait couvert l’échéance 2005-2015 et dont il vient corriger les insuffisances. Notre pays est signataire de ce document. Nous sommes donc concernés car nous nous sommes engagés et nous devrions à notre niveau décliner les objectifs de ce document en actions pour pouvoir participer à ce sursaut mondial pour le développement.
Quel est l’objectif que vous poursuiviez en organisant cet atelier ?
A la suite de la troisième conférence mondiale sur les risques de catastrophes qui a donné lieu au cadre d’action de Sendaï, il est prescrit à chaque gouvernement d’avoir sa stratégie et d’avoir l’organe de coordination qui est la plateforme. Alors, cette stratégie nous ne l’avons pas encore et donc il est temps de l’avoir. Et vous savez que le gouvernement du nouveau départ est un gouvernement qui veut rompre avec la navigation à vue et qui veut travailler sur la base de documents de planification rigoureuse afin de faire de l’évaluation un instrument de performance. Ce gouvernement ambitionne donc de traduire dans les faits tous les engagements qui ont été pris à l’international. Nous avons été instruits en tant que Directeur General de l’Agence Nationale de Protection Civile par le ministre de l’Intérieur qui certainement lui-même a été instruit par le Chef de l’Etat pour qu’à notre niveau, nous puissions voir la façon dont nous allons contribuer au développement. Le gouvernement veut qu’on ait un document cohérent et bien élaboré. Nous avons donc réuni tous ceux qui sont concernés par le sujet. Il y a eu les membres de la plateforme de réduction de risque de catastrophes que le Bénin a eu le mérite de mettre en place depuis 2011. Le Ministre de l’Intérieur préside cette plateforme dont je suis le secrétaire permanent, le système des Nations Unies que je remercie au passage et qui a bien voulu financer l’activité, les ONG humanitaires et autres acteurs qui ne cessent d’apporter leurs contributions. Avec tout ce monde, nous avons entamé le processus d’élaboration de la stratégie nationale du cadre d’action de Sendaï.
Cet atelier pour commencer par bâtir la stratégie. Mais qu’est-ce qu’on peut retenir après les travaux ?
Ce qu’il faut retenir c’est que nous avons aujourd’hui un avant-projet de stratégie nationale de réduction des risques de catastrophe. Cette stratégie est assortie de plan d’action. Nous avons des actions par rapport à toutes les priorités. Il faut peut être rappelé ici que le cadre d’action de Sendaï est un document qui a sept objectifs fondamentaux, quatre priorités et treize principes directeurs. Nous avions donc ce cadrage comme boussole au moment des travaux et cela nous a permis d’avoir des activités. Et la première priorité que le cadre d’action de Sendaï prescrit c’est que tout le monde doit comprendre ce que c’est que les risques de catastrophe. Alors pour atteindre cet objectif, nous avons retenu plusieurs activités. L’une des plus importantes est que par exemple, qu’il faut que l’écolier comprenne déjà ce que c’est qu’un risque de catastrophe. Ainsi ces notions seront introduites dans les programmes, dans les curricula de nos écoles, de nos collèges. Mais ce ne serait pas seulement dans les écoles et collèges que ces questions seront abordées. Même le citoyen ordinaire qui n’a pas été à l’école doit aussi savoir ce qu’est un risque de catastrophe et comment est-ce qu’il contribue à le réduire. C’est des actions fondamentales comme celles-là que nous avons proposées. Je suis heureux car le diagnostic que nous avons fait de notre système de prévention et de gestion de risque de catastrophe c’est que, le citoyen ne joue pas pleinement son rôle dans la réduction des risques de catastrophe, dans la coproduction de protection civile et donc lorsque toutes ces activités sont proposées, c’est pour répondre à ce déficit. Je suis d’autant plus heureux que l’ensemble de la plateforme ait retenu ces activités que nous allons essayer de peaufiner pour que très bientôt nous revenions en atelier pour valider le projet et transmettre cela au gouvernement pour appréciations.
Cela veut dire qu’après cet atelier le travail continue
Evidemment, le travail continue d’abord à l’interne au niveau de l’Agence Nationale de Protection Civile bien évidemment avec l’appui conseil du Système des Nations Unies pour voir les propositions qui ont été faites, s’il y en a pas qui ont été omises et surtout la compatibilité de ces propositions avec le Programme d’Action du Gouvernement ‘’Bénin révélé’’ par ce que nous ne pouvons et ne devrons rien faire en dehors de ce Programme du Gouvernement notamment le pilier 3 et l’axe stratégique 7 qui donc réservent une grande part à la protection civile et à la protection sociale. Il s’agira de voir si les ancrages institutionnels existent dans le document, sinon les trouver et travailler de manière à proposer une première mouture au prochain atelier pour que l’ensemble de la plateforme puisse le valider. Comme je l’ai dit, la réduction des risques de catastrophe, c’est une affaire qui concerne tout le monde : les gouvernants, les administrés, les ONG, le secteur privé…
Quand est ce document de stratégie sera prêt ?
C’est difficile de répondre à cette question. Il y a les contraintes budgétaires, la question de disponibilité des uns et des autres mais nous avons l’ambition au niveau de l’Agence Nationale de Protection Civile d’avoir un projet avant la fin de l’année 2018 de manière à ce que nous rentrions en 2019 avec une stratégie puisque en 2019, il y aura la rencontre mondiale de la plateforme mondiale de réduction de risque de catastrophe et le Bénin ambitionne d’être évalué. Pour ce faire, il nous faut soumettre aux Nations Unies notre stratégie qui est la base de l’évaluation. Pour le moment nous sommes absents par ce que nous n’avons pas encore de stratégie mais il faut que nous puissions traduire dans les faits les efforts du gouvernement. Vous n’estes pas sans savoir que le gouvernement actuel allie protection civile et sécurité publique parce que les deux vont de pair. Il n’y a pas de sécurité lorsque les catastrophes continuent de dévaster nos champs nos biens et que les populations continuent de mourir. Donc si nous fournissons beaucoup d’efforts en matière de sécurité publique tel que le fait le gouvernement avec des réformes audacieuses, admirables qui portent déjà leurs fruits, nous devons autant fournir d’efforts dans le domaine de protection civile parce que les effets des catastrophes sont comparables aux effets des actes criminels et si nous luttons seulement contre les actes criminels sans lutter contre les effets des catastrophes, nous n’aurions pas réussi véritablement à mettre en sécurité nos populations. Je salue cette vision du gouvernement qui parle de plus en plus de sécurité intérieur, c’est-à-dire sécurité publique plus protection civile c’est-à-dire réduction de risque de catastrophe.
Entretien réalisé par Patrice SOGLO, pour le Progrès