La ville de Cotonou a servi de cadre vendredi à une marche de protestation des centrales syndicales du Bénin. Au cours de cette marche démarrée à la bourse du travail, les syndicats et confédérations de syndicats ont sillonné les rues de Cotonou avec chants, trompettes et banderoles pour manifester leur mécontentement face à la gestion du gouvernement.Ils sont venus de tous les horizons, habillés en Tee-shirt blanc pour les uns et en blouse de médecins pour les autres. Banderoles rouges aux fronts, foulards verts aux cous. Il est neuf heures quarante-cinq minutes, les secrétaires généraux lancent à tour de rôle des slogans avant d’inviter la foule au démarrage de la marche. Dix heures, le départ. Semblable à un essaim d’abeilles, la foule s’ébranle vers l’Unafrica de Cotonou. Des slogans hostiles au régime retentissent. Sur les banderoles et les affiches des messages sont écrits : « Travailleurs, jeunes, femmes, levons-nous pour dire non aux privatisations, aux licenciements des travailleurs, aux déguerpissements sans mesures d’accompagnement », « Non aux nombreux licenciements abusifs du gouvernement de la rupture », « Non à la violation des libertés syndicales dans les universités ». La police encadre les manifestants. La température monte. Les corps ruissellent. Au cœur de la marche, des manifestants s’expriment. « C’est la mauvaise gestion du pays qui nous oblige à marcher sous ce chaud soleil », laisse entendre Adolphe Houssou, un manifestant. Il est onze heures quarante-sept minutes, l’heure d’arrivée au ministère du plan. En lieu et place du ministre chargé du plan, les ministres du travail Adidjatou Mathys et de la santé Alassane Séidou les reçoivent. « Les différentes motions que vous avez lues feront l’objet d’examen avec vos secrétaires généraux dans les prochains jours », annonce la ministre Adidjatou Mathys après les avoir écoutés. Les centrales syndicales promettent donner encore de la voix si dans les prochains jours rien n’est fait.
Par Jean-Baptiste FAMONMI
Les raisons de la marche
Interrogé à l’issue de la marche Anselme Amoussou, secrétaire générale du CSA-Bénin, signale : « Les réformes nous tombent sur la tête tous les jours sans aucune consultation avec les partenaires sociaux. Nous avons rencontré le chef de l’état et les différents ministres sectoriels et à chaque fois les réponses qu’ils nous donnent sont celles qui prouvent qu’ils font du dilatoire ». C’est donc pour dénoncer ses nombreux actes que les travailleurs en collaboration avec les centrales syndicales se sont réunis pour manifester leur mécontentement. Entres autres raisons qui justifient la marche, les interdictions intempestives de manifestations publiques et la non application des décisions de la cour constitutionnelle. « Il ya un certain nombre de choses que nous avons noté sur le plan des libertés syndicales et d’opinion notamment avec la mise aux arrêts des camarades syndicalistes qui n’ont fait qu’exercer leurs mandats de syndicaliste »,poursuit-il. Il dénonce aussi le non respect de la charte liant le gouvernement et les centrales syndicales. « Nous avons dit clairement avec la charte qui a été signée par le gouvernement et les centrales syndicales que pour toutes réformes dans n’importe quel domaine, le gouvernement doit en discuter avec les partenaires sociaux. Aujourd’hui le gouvernement viole allègrement les dispositions contenues dans cette charte », poursuit Anselme Amoussou. « Notre marche est une marche de qui ne va pas contre un pouvoir, c’est une marche pour dire qu’on peut gouverner autrement, on peut gouverner avec le cœur », clarifie-t-il. Pour lui, le peuple béninois demeure encore le propriétaire du pays et il faut que le gouvernement puisse entendre ce message. Il convie alors les gouvernants à un dialogue social. « Il faut que nous puissions aller vers un dialogue qui nous permette d’atteindre nos objectifs, qui sont les objectifs du gouvernement de Patrice Talon », a-t-il insisté.