Appelés Vénanvi en mina, Ibéji en yorouba, Ahoho en goun au Bénin, les jumeaux qui meurent sont considérés comme des dieux que les parents vénèrent. Leur représentation serait source de bénédictions pour les familles. Les jumeaux sont des êtres physiques identiques issus de la fusion de l’œuf depuis le ventre de la mère. Selon les us et coutumes des populations du sud du Bénin, après la naissance des jumeaux, si l’un d’eux meurt il se dit qu’ils sont « allés chercher du bois dans la forêt». Une croyance datant de plusieurs siècles qui recommande que le ou les jumeaux décédés soient représentés par des statuettes en bois. A partir de là,ces êtres ne sont plus des morts mais considérés comme des divinités à qui l’on adresse des prières à travers tout un rituel dirigé en temps normal par un prête du Fâ. Ces êtres sont naturellement jaloux. Après les rituels, les statuettes intègrent sa famille qui se doit de prendre soin d’elle « moi J’ai perdu deux fois de suite mes jumeaux je suis donc à quatre statuettes dont je m’occupe comme s’ils étaient toujours en vie », confie Philomène Danhaune commerçante. Les parents et autres membres de la famille ont l’obligation de s’occuper d’eux, les laver, les nourrir, les vêtir comme l’exige le fâ (ndlr : l’oracle). « Quand je prends bien soin de mes jumeaux, et exécute leurs rituels périodiques, ils me bénissent. Mon commerce s’accroît », ajoute la commerçante. Le contraire aussi s’observe.«Il a fallu que je rencontre des problèmes personnels pour me rendre compte que j’étais si occupé que je n’ai pas pris soin de mes jumeaux (ndlr : les statuettes)», déclare Cosme DOSSA. Selon la mythologie béninoise, ces petits « dieux » comme aiment les appeler Philomène, n’apprécient pas les lieux de tensions. Indisposés, ils peuvent disparaître.
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